Serie GRECE ANTIQUE

Alcibiades : lA CHUTE D'Athènes

« Alcibiade vécut un peu moins de cinquante ans : de 452 av. J.-C. a 404 av. J.-C.. Mais peu de vies, même plus longues que la sienne, furent aussi remplies d’actions glorieuses et scandaleuses et de vicissitudes de toute sorte. Deux fois exile d’Athènes, dont il fut l’un des hommes les plus prestigieux avant d’en devenir le mauvais génie, Alcibiade, comme jadis Thémistocle, ayant fait conte lui l’unanimité des Athéniens, des spartiates et de tous les Grecs, dut se réfugier chez les Perses, mais alors, que Thémistocle était resté jusqu’à sa mort sur les terres du grand roi, il sut en revenir et se ménager dans sa patrie un retour triomphal avant de connaitre à nouveau une vie errante et traquée jusque q la catastrophe finale. » Le professeur Flacelière nous introduit très bien le personnage dans sa notice de sa vie de Plutarque.

 

Alcibiade nait en – 451 av. J.-C. à Athènes lors de l’âge d’or de la cité sous l’impulsion de Périclès. Son père appartenait à la famille des Eupatrides liés par le mariage aux Alcméonides. [Ces deux familles sont parmi les plus puissantes d’Athènes] À la mort de son père a la bataille de Coronne [Bataille de la guerre du Péloponnèse ayant opposé la ligue de Délos (dirigée par Athènes) contre les cités béotiennes coalisées (encouragé par Sparte) qui se solda par une victoire béotienne] son père ayant choisi Périclès homme illustre de son temps comme tuteur, celui-ci l’adopte et poursuit son éducation. Toute sa vie on dira de lui qu’il était d’une grande beauté physique : « Quant à sa beauté physique, il n’y a sans doute rien à en dire, sinon qu’elle s’épanouit et conserva son éclat a tous les âges de sa vie : enfant adolescent, homme fait, il fut toujours d’un aspect aimable et charmant. Il n’est pas vrai, quoi qu’en dise Euripide, que, chez tous les hommes beaux l’arrière-saison même soit belle. Mais tel fut le privilège d’Alcibiade et de quelques autres ; il le dut à l’heureuse nature et à l’excellence de sa constitution physique. »    Plutarque vie d'Alcibiade.

 

Devenu l’un des intimes et amant de Socrate, pour qui il a une profonde admiration, comme nous le confirme Platon qui relate les paroles d’Alcibiade sur son maitre à penser :

 

 « Quand je l’écoute, en effet, mon cœur bat plus fort que celui des Corybantes en délires, ses paroles font couler mes larmes, et bien des gens, je le vois, éprouvent les mêmes impressions. Or, en écoutant Périclès et d’autres bons orateurs, j’admettais sans doute qu’ils parlaient bien, mais je n’éprouvais rien de pareil, mon âme n’était pas bouleversée, elle ne s’indignait pas de l’esclavage auquel j’étais réduit. Mais lui, ce Marsyas, m’a souvent mis dans un tel état qu’il me semblait impossible de vivre comme je le fais et pour cela, Socrate, tu ne diras pas que ce n’est pas vrai. Et en ce moment encore, j’en ai conscience, si j’acceptais de prêter l’oreille a ses paroles, je n’y tiendrais pas : j’éprouverais les mêmes émotions. Il m’oblige en effet à reconnaitre qu’en dépit de tout ce qui me manque, je continue de n’avoir point souci de moi-même, et je m’occupe des affaires des Athéniens. Je me fais donc violence, je me bouche les oreilles comme pour échapper aux sirènes, je m’éloigne. Je fuis, pour éviter de rester là assis près de lui, jusqu’à mes vieux jours. »         PlUTARQUE VIE d'Alcibiade .

Plutarque louera la bonne influence de Socrate sur Alcibiade :

 

« Comme le fer amollit au feu ou durcit de nouveau sous l’action du froid qui en contracte les éléments, de même, toutes les fois que Socrate reprenait en mainAlcibiade tout gonflé de sensualité et d’orgueil, il le réprimait et le réduisait par ses paroles a le rendre humble et modeste, en lui montrant l’importance des qualités qui lui manquaient et des imperfections qui le retenaient loin de la vertu. »

Il est initié à sa philosophie, mais sa vie, marquée par les scandales, reflète bien peu cet enseignement.

 

Alcibiade a 19 ans lorsqu’éclate la guerre du Péloponnèse, c’est à ce moment que son ambition le pousse sur la scène politique aux côtés des démocrates. Dès le début il montre un courage et une audace dont il ne se départira pas. Alcibiade combat à la bataille de Potidée aux côtés de Socrate, puis à la bataille de Délion. En 421 le conflit marque une pause lors de la paix dite de Nicias [du nom du stratège qu’il l’a signé]. À 26 ans il est nommé à la commission des dix qui fixe les contributions des alliés d’Athènes. En 420, il est élu stratège. Puis il soutient le soulèvement de la cité d’Argos contre la puissance spartiate, avec qui il va conclure un traité d’alliance. Il est partisan d’un impérialisme Athénien assume. Dans ce cadre  en -415, les Athéniens s’apprête à réaliser un grand dessein : l’expédition de Sicile. Contre l’avis de Nicias [stratège ayant signé la paix] Alcibiade parvient à convaincre les Athéniens de tourner leurs velléités vers la Sicile sous prétexte d’aider les cités amies, mais en vérité pour prendre pied dans une région riche et stratégique pour le contrôle de la Méditerranée.

 

« Ce même hiver à Athènes, on voulait passer à nouveau en Sicile pour la soumettre, si l’on pouvait. La plupart des Athéniens n’avaient pas idée de la grandeur du pays ni du nombre de ses habitants, grecs et barbares ; et ils ne se rendaient pas compte qu’ils soulevaient une guerre à peine inférieure en importance à celle du Péloponnèse. »

Thucydide guerre du Péloponnèse.

«  Du vivant même de Périclès, l’Athénien convoitait la Sicile. Ils se mirent à l’œuvre après sa mort et à chaque fois qu’un peuple de cils était ; maltraités par les Syracusains, ils lui envoyaient, comme à un allié, ce qu’ils appelaient des secours, posant ainsi en réalité des pierres d’attente pour une plus grande expédition. Mais celui qu’acheva d’enflammer leur désir et leur persuada d’entreprendre la conquête entière de l’ile, non plus par morceaux et petit à petit, mais en mettant a la mer une grande flotte, ce fut Alcibiade ; il inspira au peuple de vastes espoirs et il avait pour son compte des visées plus hautes encore, car, en raison des espérances qu’il avait formées, il concevait l’expédition de cils comme un commencement, et non de, a la manière dont la considéraient les autres comme une fin en soi. Nicias, au contraire, sentant que la prise de Syracuse était une affaire difficile, cherchait à en détourner le peuple ; mais alcibiade, qui rêvait de partage et de la Libye et qui, fort de ces conquêtes une fois réalisées, se jugeait dès lors capable de dominer l’Italie et le Péloponnèse, ne voyait guère dans la Sicile qu’une source d’approvisionnement pour la guerre. »         Plutarque vie d'Alcibiade.

 

Nicias, le rival d’Alcibiade était contre l’expédition qui, pour lui, est trop risquée et pour laquelle Athènes n’avait pas les moyens de ses ambitions :

 « Les cités contre lesquelles nous allons marcher sont d’après ce que, pour moi, j’entends rapporter, des cités puissantes. Tout à la fois indépendante les unes des autres et n’appelant pas un de ces changements par lequel on peut être heureux d’échanger pour un régime moins dur une servitude fondée sur la violence, il n’est pas non plus raisonnablement a prévoir qu’ils fassent bon accueil à notre empire au prix de leur liberté. » Thucydide guerre du Péloponnèse

Cette citation a quelque chose d’intemporel …...

 

C’est donc en -415 av. J.-C qu’une immense flotte de 134 trirèmes et plus de 30 000 hommes est envoyée, dirigée par Nicias, Alcibiade et Lamachos.

 La veille du départ de l’expédition des statues d’Hermès sont mutilées les opposant d’Alcibiade en profite pour le faire accuser. Alcibiade est prêt à répondre de ces accusation devant la tribune , mais il reçoit l’ordre d’embarquer. Pendant son absence les opposants d’Alcibiade le firent condamner a mort. C’est alors qu’il se serait exclamé :

« eh bien, je leur ferai voir, moi que je suis en vie. »

 

Il fuit à Sparte, trahissant Athènes. Pendant ce temps Nicias ayant pris le commandement prudent et malade, hésite à attaquer Syracuse. Les Syracusains, aidés par le stratège spartiate Gylippos, résistent efficacement. En - 414, Démosthène arrive avec des renforts, mais les tentatives de siège échouent. En -413 av. J.-C la flotte athénienne est piégée dans le port de Syracuse. Les troupes tentent de fuir par voie terrestre, mais sont capturées ou tuées. Nicias et Démosthène sont exécutés. Athènes perd la quasi-totalité de sa flotte et de ses soldats. C’est une catastrophe militaire et morale.

Bataille de Syracuse [-413]

 « À la fin du Viem siècle durant lequel, la Sicile avait subi l’hégémonie de Syracuse, les cites siciliennes commencèrent à secouer ce joug. En - 415, par exemple, la ville de Ségeste se révolta et sollicita l’aide d’Athènes. Pour appuyer cette demande, elle fit miroiter la perspective d’un affaiblissement de Syracuse et proposa de prendre à sa charge les frais de l’expédition. Les Athéniens étaient divisés sur la conduite à tenir : le vieux Nicias, partisan de la paix, recommandait de ne pas se mêler des affaires de Ségeste, le jeune Alcibiade, à l’inverse, préconisait une intervention musclée. Son point de vue l’emporta, et l’assemblée athénienne vota le départ de cent navires et de cinq mille hoplites.  Les préparatifs de l'expédition furent troublés par le scandale des Hermocopides (mutilations de statues, à caractère sacrilège) où Alcibiade était impliqué, mais les navires finirent par appareiller. Le corps expéditionnaire était dirigé par trois stratèges... dont les stratégies divergeaient ! Nicias recommandait une simple démonstration de force ; Lamachos, une attaque immédiate de Syracuse ; Alcibiade, une conquête de toute la Sicile. La flotte s'empara de Catane puis, après la désertion d'Alcibiade, de Syracuse.

 

Au début de l'été 414, le général spartiate Gylippe arriva en Sicile, réussit à s'infiltrer dans Syracuse et fit bâtir des contre-approches pour faire obstacle à la progression des Athéniens. Nicias, qui était désormais l'unique commandant du corps expéditionnaire, dut demander des renforts à Athènes. Au printemps 413, Gylippe invita les Syracusains à armer le plus grand nombre de navires possible, afin de tenter leur chance dans une bataille navale. Quand la flotte fut prête, Gylippe organisa une diversion terrestre en attaquant les forts. Pendant ce temps, la flotte attaqua les navires athéniens dans le grand port. Les Athéniens furent victorieux sur l'eau, mais perdirent les forts. Le pire restait toutefois à venir pour les troupes de Nicias : les Syracusains firent réaliser diverses améliorations sur leurs trières, en vue d'une nouvelle bataille. Ils renforcèrent les proues et y adaptèrent de solides protubérances. L'objet de ces modifications était une meilleure performance lors des chocs prouvés contre proue. La nouvelle bataille navale opposa environ quatre-vingts navires dans chaque camp. Elle dura plusieurs jours et s'acheva par une victoire de Syracuse. C'est alors qu'arrivèrent les renforts athéniens conduits par Eurymédon et Démosthène : soixante-treize navires et cinq mille hoplites. Malgré leur nombre, ils ne parvinrent pas à redresser la situation. L'expédition de Sicile se soldait par un désastre pour Athènes : elle avait perdu près de deux cents navires et de cinquante mille hommes, dont douze mille Athéniens. »

La decelie se situe au niveau du mont parnes.

Alcibiade devenu conseiller de Sparte va leur conseiller d’attaquer la Decelie (region de l’attique) :

« Il faut, d’autre part, fortifier décelée en attique. C’est ce que, de tout temps les Athéniens redoutent le plus, la seule des épreuves de guerre, pensent’ils qui ne leur est pas connue. »

Il mène l’expédition au cote du stratège Spartiate Chalcideus.

 

Mais ayant séduit l’épouse du roi Spartiate Agis, Il est contraint encore une fois, a la fuite et trouve refuge en Perse chez le satrape Tissapherne. C’est de la cour du satrape perse Tissapherne qu’Alcibiade prépare dès lors son retour à Athènes au prix de multiples manœuvres diplomatiques. Il se présente comme celui qui pourra apporter forces et soutien de la part du puissant Empire perse. Parallèlement se met en place à Athènes, en -411, un gouvernement oligarchique, les Quatre cents. Ce régime ne sera renversé qu’en - 408. Pour reconquérir sa place dans le jeu politique et militaire, Alcibiade traite notamment avec les Athéniens démocrates de l’île de Samos, restés fidèles à Athènes, et devient général de leur flotte. La victoire navale de Cyzique en 410 redonne son aura à Alcibiade auprès des troupes ; aura confortée par la prise de Byzance.

 

Bataille de Cyzique [-410]

« Après la défaite d'ABYDOS, le navarque spartiate Mindaros passa le reste de l'hiver à préparer une revanche navale sur Athènes. Il fit construire dans ce but quatre-vingts navires et, avec le concours d'importantes troupes terrestres, mit le siège devant la ville de Cyzique, dans l'Hellespont. Les Athéniens réunirent une flotte de quatre-vingt-six bâtiments sous les ordres d'Alcibiade, de Thrasybule et de Théramène, ainsi que des forces terrestres. Les navires athéniens pénétrèrent de nuit dans l'Hellespont et vinrent se rassembler à l'abri d'une île proche de Cyzique. Le lendemain, ils débarquèrent leurs troupes terrestres près de la ville assiégée. Alcibiade sortit alors de sa cachette, avec une vingtaine de navires. Mindaros, mis en confiance par le petit nombre de bâtiments ennemis, envoya à leur rencontre la totalité de ses forces navales. Alcibiade fit alors mine de fuir et entraîna derrière lui tous les navires péloponnésiens. Quand tous ses poursuivants furent sortis du port, Alcibiade vira de bord pour leur faire face. Dans le même temps, les navires athéniens de Thrasybule et de Théramène quittèrent leur mouillage et se placèrent derrière l'ennemi pour lui interdire toute possibilité de retraite. Quand il se vit ainsi pris au piège, Mindaros dirigea ses bâtiments vers une plage voisine où ils purent s'échouer. Alcibiade vint les y rejoindre afin de poursuivre le combat sur le rivage. Il fut un moment en difficulté, mais l'intervention de Thrasybule et de Théramène assura la victoire athénienne. Mindaros trouva la mort dans le corps à corps final.

 

Tous les navires péloponnésiens furent capturés, à l'exception de ceux qui choisirent de se saborder. Le lendemain, Cyzique était reconquise. Grâce à cette victoire, les Athéniens devenaient maîtres de l'Hellespont. Les Spartiates, démoralisés par leur défaite, demandèrent alors la paix : Athènes rejeta imprudemment cette requête. Après la mort de Mindaros, les Spartiates se choisirent un nouveau général, Lysandre, célèbre pour son courage. Lysandre réunit des hommes, des navires et des fonds, en vue de nouveaux combats contre les Athéniens. »

 

Si bien qu’en 407, élu stratège, il peut revenir triomphalement à Athènes. 

« Alcibiade s’embarqua, impatient qu’il était a présent de revoir sa patrie et plus desireux encore de se montrer a ses concitoyens après tant de victoires remporter sur les ennemis. Les navires athéniens étaient sur tout leurs pourtours ornes d’une grande quantite de butin. »

Un nouvel homme fort, Lysandre, aussi brillant stratège qu’Alcibiade, prend la tête des armées spartiates et obtient le soutien tant convoité de la Perse. La flotte athénienne, dirigée par Antiochos, un proche d’Alcibiade inexpérimenté et trop téméraire, est défaite à Notion [voir biographie de lysandre] provoquant la destitution d’Alcibiade. Il rejoint une place forte en Chersonèse.

 

Son ultime action mémorable est liée à la chute définitive d’Athènes à Aigos-Potamos [voir biographie de Lysandre]. Le déséquilibre entre la flotte athénienne et celle de Lysandre est criant. Pour aider les siens, Alcibiade propose conseils et renforts, mais, cette fois-ci, il n’est pas écouté. Les Athéniens subissent un nouveau désastre et rendent les armes face à Sparte victorieuse. Athènes était définitivement battu. Alcibiade comme Thémistocle autrefois passe donc en Perse.

 

« Alcibiade, à qui les exploits de Lysandre faisaient redouter les Lacédémoniens, qu’il voyait maîtres de la terre et de la mer, se retira en Bithynie, emportant avec lui de grandes richesses, et en laissant encore de plus considérables dans ses forteresses. Dépouillé par les Thraces de Bithynie d’une grande partie de sa fortune, il résolut d’aller à la cour d’Artaxerxe, persuadé que ce prince, dès qu’il l’aurait connu, ne le jugerait pas moins utile à son service que Thémistocle. Sa démarche avait d’ailleurs un motif plus honnête ; il n’allait pas, comme celui-ci, offrir son bras au roi contre ses concitoyens, mais lui demander de secourir sa patrie contre ses ennemis. »

Les spartiates qui se méfient de lui, n’entendent pas le laisser s’en tirer comme ça.

 

« Lysandre fit donc passer cet ordre à Pharnabaze pour le faire exécuter, et ce satrape en chargea Magée son frère, et son oncle Sysamithrès. […] Ceux qu’on avait envoyés pour le tuer n’osèrent pas entrer ; ils environnèrent la maison et y mirent le feu. Alcibiade ne s’en fut pas plus tôt aperçu, que, ramassant tout ce qu’il put de hardes et de tapisseries, il les jeta dans le feu ; et, s’entourant le bras gauche de son manteau, il s’élança l’épée à la main à travers les flammes, et en sortit sans aucun mal, parce que le feu n’avait pas encore consumé les hardes qu’il y avait jetées. À sa vue tous les Barbares s’écartèrent ; aucun d’eux n’osa ni l’attendre, ni en venir aux mains avec lui ; ils l’accablèrent de loin sous une grêle de flèches et de traits, et le laissèrent mort sur la place. » Ainsi s’achève vie d’Alcibiade.

Prologue : conversation sur la lois (NOMOS)

Ce passage issu des mémorables de Xénophon, est une conversation entre Alcibiade et Périclès sur la loi explore la tension entre autorité et légitimité, mettant en lumière les fondements philosophiques de la loi et du pouvoir politique.  Périclès affirme que la loi est ce que le peuple décrète en délibérant. Alcibiade questionne : Est-ce toujours le bien que la loi décrète ? Ce dialogue sous-entend, suivant le regime politiques  si c’est une oligarchie : Un petit nombre décide — est-ce encore la loi ? Si c’est une Tyrannie : Un seul impose ses volontés — est-ce la loi ou la violence ? Alcibiade distingue entre loi et violence : la loi suppose l’assentiment, la violence la contrainte. Périclès finit par concéder que sans consentement, il n’y a pas de loi véritable.

 

"On dit qu'Alcibiade, avant l'âge de vingt ans, eut avec Périclès, son tuteur, le premier citoyen de la république, cette conversation sur les lois :

 

 

« Dites-moi, Périclès, pourriez-vous m'apprendre ce que c'est que la loi ?

— Assurément, répondit Périclès.

- Au nom des dieux, enseignez-le-moi. J'entends louer certaines personnes, parce qu'elles observent religieusement les lois; et je crois qu'on ne mérite point cet éloge sans savoir ce que c'est que la loi.

— Il n'est pas difficile, Alcibiade, de te satisfaire. La loi est tout ce que le peuple, rassemblé a revêtu de sa sanction, tout ce qu'il a ordonné de faire ou de ne pas faire.

— Et qu'ordonne-t-il de faire, le bien ou le mal?

— Le bien, sans doute, jeune homme: veux-tu qu'il ordonne le mal?

— Mais si ce n'est pas le peuple; si, comme dans l'oligarchie, c'est un petit nombre de citoyens qui se rassemblent et qui prescrivent ce qu'on doit faire, comment cela s'appelle-t-il?

— Dès que la portion de citoyens qui gouverne ordonne quelque chose, cet ordre est une loi.

— Mais si un tyran usurpe la puissance et qu'il prescrive au peuple ce qu'il doit faire, est-ce encore une loi?

— Oui, puisqu’elle émane de celui qui commande.

— Mais quand la violence et le renversement des lois ont-ils lieu? N'est-ce pas lorsque le puissant, négligeant la persuasion, contraint le faible à faire ce qu'il lui plaît ?

— Je le crois.

— Ainsi le tyran qui force les citoyens à suivre ses caprices est donc ennemi des lois ?

— Oui; j'ai eu tort d'appeler lois les ordres d'un tyran qui n'emploie pas la persuasion.

— Mais lorsqu'un petit nombre de citoyens, revêtu de la puissance souveraine, prescrit ses volontés à la multitude sans obtenir son aveu, appellerons-nous cela de la violence ou non?

— De quelque part que vienne l'ordre, qu'il soit écrit ou ne le soit pas, dès qu'il n'est fondé que sur la force, il me paraît plus un acte de violence qu'une loi.

— Et ce que la multitude qui commande prescrit aux riches sans obtenir leur aveu, sera donc violence et non pas loi?

— Très vrai, Alcibiade. Quand nous étions à ton âge, nous étions forts sur ces difficultés ; nous aimions à subtiliser, à sophistiquer comme tu fais à présent.

— Périclès, que ne vous ai-je entretenu dans ce temps où vous vous surpassiez vous-même ! »

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Olivier Ferrand

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