
série Grèce antique
Herakles : l'ideal Grec
Héraclès, que vous connaissez sous son nom latinisé d’Hercule, vous en avez forcément entendu parler sans vraiment savoir pourquoi le mythe est si célèbre, et, pour ceux qui ont quelques notions, vous l’associez aux douze travaux et à sa force « herculéenne » . Héraclès est le fils de Zeus et d'Alcmène, fille d’Electryon roi de Mycènes et d’Eurydice, fille du roi Pelops qui a donné son nom au Péloponnèse.
La nuit qu'il fut conçu dura, dit-on, l'espace de trois nuits. Alcmène venait d'épouser Amphytrion quand celui ici dut partir en guerre. Zeus, sous la forme de son époux, profita de ce moment pour séduire la très belle et vertueuse Alcmène. Ils conçurent Héraclès. À son retour Amphytrion conçut celui qui sera le jumeau d'Héraclès ; Iphiclus. Le jour de leur naissance, le tonnerre se fit entendre dans Thèbes, à coups redoublés, et plusieurs autres prodiges annoncèrent la gloire du fils de Zeus. Héra, épouse de Zeus, furieuse de cette infidélité, jura de persécuter l’enfant. Elle fit en sorte qu’Eurysthée [cousin d’Amphytrion] , naisse avant Héraclès.
De ce fait l'enfant reçut le nom d'Héraclès qui signifie «Hēra du nom de la déesse épouse de Zeus + Kleos qui signifie gloire. » Dès ses premiers jours, elle donna encore des preuves éclatantes de la haine qu'elle lui portait par jalousie envers la mère d’Héraclès, en envoyant deux serpents dans son berceau ; mais l'enfant, les tua tous deux en leur tordant le coup. Le jeune Héraclès apprit à tirer à l'arc, combattre, et apprit l’astronomie et la médecine. Par la suite, comme nous le dit Diodore de Sicile « devint par sa force physique, bien supérieur à tous les autres et célèbre par l’éclat de son esprit. » Éphèbe [signifie beau jeune homme en Grec , équivalent de l’expression latine beau comme un Appolon] nous dit Diodore, Héraclès libéra la cité de Thèbes qui était soumise au roi minoen. Pour le récompenser, Créon roi de Thèbes lui donna sa fille Megara en mariage avec qui il eut des enfants. Héra, toujours jalouse le frappa de folie ; il tua aveuglément sa femme et ses enfants. Le jeune homme était accablé de douleur, il alla consulter l'oracle qui lui signifia d'aller se présenter à Eurysthée, sous les ordres duquel il devait entreprendre ses combats et ses travaux. L’oracle lui promit qu’il rejoindrai les dieux si il se montrait à la hauteur de la tâche. Celui-ci, excité par Héra, lui commanda les choses les plus dures et les plus difficiles ; c'est ce qu'on appelle les douze travaux d'Héraclès que je vais vous compter à travers le récit de Diodore de Sicile historien.
1ere tâche : combat contre le lion de Némée.
« La première tâche qu’il reçut fut de tuer le Lion de Némée, il était d’une taille prodigieuse et, comme il ne pouvait être blessé ni par le fer, ni par le bronze, ni par la pierre, il fallait nécessairement recourir à la force des bras. Il passait la plus grande partie de son temps entre Mycènes et Némée, dans les environs d'une montagne appelée d'après sa caractéristique Triton. Elle avait, en effet à sa base, un long tunnel dans lequel la bête avait l'habitude de se tapir. Héraclès, parvenu à cet endroit, s'élança derrière la bête, jusqu'à ce qu'elle s’enfuie dans le tunnel, et I’y suivit. Puis, après avoir bouché l'autre ouverture, il l'attaqua et il étouffa, en étreignant très fortement de ses bras le cou de la bête. Il se vêtit de la peau du lion et, comme elle était grande, en enveloppa son corps tout entier, ce qui lui procura une protection contre les dangers qui suivirent. La deuxième tache qu'il reçut l'ordre d'accomplir fut de tuer l'hydre de l'herbe. »
2e tache : combat contre l'hydre de Lerne.
« Cent cous surmontés de tête de serpent sortaient de son corps unique si l'on détruisait l'un de ces coûts, il surgissait à l'endroit où ils avaient été coupés, deux têtes. C’est pour cette raison que l'on avait considérée, et c'était logique qu'elle était invincible. Puisque la partie d’elle qu'on avait domptée recevait une double assistance. Mais contre cette difficulté, Héraclès eut une idée ingénieuse il ordonna à Iolaos [son neveu et compagnon] de brûler, avec une torche enflammée la surface de la partie coupée pour contenir l'écoulement du sang. De cette manière il dompta donc l'animal, puis il plongea les pointes de ses javelots dans le venin, afin que chaque javelot lancé provoque, par sa pointe, une blessure incurable. Le troisième ordre qu’il reçut fut de ramener le sanglier d’Erymanthe. »
3e tache : le sanglier d'Erymanthe.
« Cet ordre-là semblait être d’une grande difficulté : il fallait en effet à qui combattait une semblable bête, une supériorité telle qu'au cœur de l'affrontement, il conjecture avec précisions le moment décisif. En effet, dès lors qu'il laisserait libre cours à la puissance de l'animal, il se retrouverait menacé par ses dents, et, inversement, en l'attaquant plus qu’il le fallait, il le tuerait de sorte que la tâche serait inaccomplie. Cependant, lors de l'affrontement, Héraclès sut appliquer exactement la juste proportion et rapporta le sanglier vivant à Eurysthée. {…} L’ordre qu’il reçut ensuite fut de ramener la biche à cornes d’or. »
4e tache : la biche aux pieds d'airain.
« Pour réussir cette épreuve-là, son intelligence lui fut moins inutile que sa force physique. Les uns disent, en effet, qu'il l'a prise au piège, d'autres en l'a suivant à la piste, réussit à la maîtriser alors qu'elle dormait, d'autres encore disent que, par une poursuite ininterrompue, il réussit l'épuiser. En tout cas c'est sans user de force ni courir de danger, mais, par la perspicacité de son esprit, il accomplit cette épreuve. Puis Héraclès reçoit l’ordre de chasser les oiseaux du lac Stymphale. »
5e, 6e , 7e , taches : les oiseaux du lac Stymphale, écuries d’Augias, taureau de Crète.
« Comme il était donc impossible en raison de leur nombre exceptionnel de dominer ces animaux par la force, l'affaire nécessitant une intelligence industrieuse. C'est pourquoi il construisit une cliquette de bronze grâce à laquelle il produisait un vacarme extraordinaire, effrayant ainsi les animaux. À la fin, après avoir mis le siège par la persistance du vacarme, il les réduisit facilement et nettoya ainsi le lac. {…} Après avoir réussi cette épreuve-là aussi, il reçut l'ordre de nettoyer sans l'aide de personne la cour d’Augias, il y avait dans cette cour une quantité énorme de fumier amassée depuis longtemps et c'était pour lui faire injure qu’Eurysthée lui ordonnait de le nettoyer. Mais Héraclès, jugeant que c'était indigne de lui refusa de porter sur ses épaules ce fumier et esquiva la honte de cette injure, il l'amena vers la cour le fleuve nommé Alphée et nettoya à fond grâce au courant de l'eau. Ainsi sans subir d'injures, il accomplit cette épreuve en un seul jour. {…} L'épreuve suivante fut de ramener le taureau de Crète qui fut aimé, dit-on par pacifie. Il navigua jusqu'à l’ile, se fit aider du roi Minos et ramena le taureau dans le Péloponnèse, en le transportant sur un navire à travers la mer si large. Après avoir réussi cette épreuve, Héraclès ainsi thiol les jeux olympiques et choisis pour une fête d'une telle importance la plus belle des lieux la plaine le long du fleuve Alphée où il dédia ses jeux à Zeus père.»
9e tache : récupérer la ceinture des Amazones.
« Héraclès entreprit une expédition contre les amazones. Il fut donc voile vers le pont qui fut appelé à cause de lui, Euxin (hospitalier) continua jusqu'à l'embouchure du fleuve Thermodon et pris position dans les environs de la ville de Themiscyra [Themis signifie déesse de la justice Cyra signifie maîtresse, Themiscyra veut dire littéralement le domaine de la maîtresse de la justice], dans laquelle était située la demeure royale des amazones. Il leur demanda d'abord la ceinture qu'on lui avait ordonné de rapporter ; mais, comme elles n’y consentaient pas, engagea un combat contre elles. Le gros de leur nombre s'opposa aux nombreux hommes d’Héraclès, mais les amazones les plus valeureuses se placèrent en face Héraclès et entreprirent un combat acharné. Ainsi, la première qui engagea le combat avec lui fut Aella qui signifie tempête, c'est en raison de sa rapidité qu'elle avait reçu ce nom. Mais elle rencontra un adversaire plus vif qu'elle-même. La deuxième fut Philippins elle fut atteinte dès le premier affrontement d'une blessure mortelle et périe. Ensuite il engagea le combat avec Protoè qui, dit-on, dans 7 combats auquel elle avait été défiée, avait remporté la victoire sur son adversaire. Quand celle-ci aussi fut tombée, la quatrième qu’il eut à soumettre fut l'amazone nommée et Eriboraea. Grâce à son courage dans les combats guerriers, elles se vantaient de n'avoir besoin d'aucune aide, mais elle sut que sa prétention était fausse quand elle tomba sous les coups de plus forts qu'elle. Après elles ce furent Célainô, Eurybia et Phoibé qui étaient les compagnes de chasse d’Artémis et lançaient leurs javelots toujours droit au but, elles ne blessèrent pas leur unique cible, mais elles qui unissaient leurs boucliers furent tuées toute ensemble. Après elle, il soumit Déjanire, Astéria et Marpè, puis Tecmessa et Alcippe. Cette dernière s'était fait le serment de rester toujours vierge, elle le tint, c'est la vie qu'elle ne conserva pas, et celle qui avait le commandement des amazones Mélanippé, qu’on admirait surtout pour son courage, perdit son commandement. Après avoir fait périr les plus illustres des amazones, Héraclès contraignit le reste de leur groupe à fuir et en tua la plus grande partie afin que leur race soit détruite. Parmi les captives, il offrit Antiope à Thésée et délivra Mélanippé contre la ceinture en rançon. »
Itinéraire de l'épopée d'herackles.
10e tache : combat contre Géryon, et emmener ses bœufs.
« Eurysthée lui ordonna comme dixième épreuve d'amener les vaches de Géron qui se trouvait être dans des terres d’Ibérie situées près de l'océan, considérants que ce travail-là demandait une grande préparation et promettait beaucoup de peines il mit en place un remarquable équipement et une masse de soldats en proportion de cette expédition. Il était en effet connu de toute la terre habitée que crise Chrysaor [au glaive d’or] qui tirait son nom de sa richesse, gouvernait toute l’Ibérie y avait 3 fils comme défenseurs, qui se distinguaient à la fois par leurs forces physiques et par leur courage lors des combats guerriers. Il était connu, en outre, que chacun des fils avait réuni de grosses troupes recrutées parmi des peuples belliqueux. C'est pour ces raisons qu’Eurysthée, considérant qu'une expédition contre était difficile à réussir, avait ordonné l'épreuve décrite plus haut. Mais Héraclès, de la même façon que lors de ses exploits passés, affronta résolument les dangers. Rassemblèrent ses forces en Crète, après avoir décidé qu'il en ferait sa base. Cette île était, en effet, très avantageusement situé pour des expéditions contre toute la terre habitée. Avant de reprendre le large, il fut magnifiquement honoré par les indigènes, et désireux de témoigner sa reconnaissance aux Crétois, il nettoya l’île de ses bêtes sauvages. C'est pourquoi, dans les époques postérieures, nul animal sauvage, ours, loup, serpents ou tout autre animal de cette sorte ne s'est plus retrouvé dans cette île. Il fit cela pour sanctifier cette île dans laquelle racontent les mythes, Zeus est né et a été élevé. Après avoir donc repris la mer depuis la crête, il débarqua en Libye. Tout d'abord il provoqua au combat Antée qui était connu pour sa force physique, son expérience de la palestre et aussi pour avoir tué tous les étrangers qu'il avait vaincus a la lutte ; l'attaqua et le tua. À la suite de cela, il civilisa la Libye qui était infestée de bêtes féroces, et soumit une grande partie de la faune des terres désertiques, afin que le pays soit couvert de terre cultivée et de plantation de toutes sortes produisant des fruits : beaucoup de terres furent plantées de vignes beaucoup d'autres d’oliveraies. De façon générale la Libye était auparavant inhabitable en raison du grand nombre de bêtes sauvages qui infestent le pays. En la civilisant et la rendit égale à tout autre pays en prospérité. Pareillement, il fit périr des hommes qui agissaient contre la loi ou dirigeants criminel et rendit les villes prospères. »
Ensuite, Héraclès, voyage à travers l’Égypte, puis l’Ibérie et remonte en pays celtique.
« Comme une grande masse d'hommes de toutes les tribus avaient fait campagne volontairement avec lui, il, fonda une ville de très grande taille qui fut appelée, en raison de la « course errante » [reference a son tour d'euope pour ramener les boeufs de geyron] ale de cette expédition, Alésia. »
Ensuite Héraclès descend en Italie, puis arrive enfin jusqu’en Grèce, ou l’épreuve est validée car il a amené les bœufs avec lui.
Au 11e , 12e , taches : les pommes d'or du jardin des Hespérides et la libération de Thésée.
« Il reçut l'ordre Eurysthée d'amener Cerbère de l’Hadès à la lumière. Pensant que ce serait utile pour lui, afin de réussir cette épreuve, vint à Athènes et prit part aux mystères d'Éleusis, cérémonie alors présidée par Musée, le fils d’Orphée. […] celui-ci, en effet, selon les mythes qui nous ont été transmis, est descendu dans le domaine d’Hadès et a été reçu par Perséphone comme le serait un frère. Il fit remonter délivrés de leur lien, Thésée et Pirithoos grâce à la faveur de Corée, il reçut ensuite le chien enchaîné et le présenta à la vue des hommes. La dernière épreuve qu'il reçut fut de rapporter les pommes d'or des Hespérides, il fit donc voile de nouveau vers la Libye. Sur ces pommes les mythographes sont en désaccord : certains disent qu'il y avait en Libye, dans quelques jardins des Hespérides des pommes d'or, surveillé sans relâche par un dragon extrêmement redoutable ; et d'autres disent que les Hespérides possédaient des troupeaux de moutons d'une beauté exceptionnelle, qui, en raison de cette beauté, ont été surnommés, poétiquement ‘pomme d'or’ de la même façon qu’Aphrodite aussi est appelée ‘dorée’ pour sa belle apparence. »
Les douze travaux étaient terminés. Mais, avant d’accéder à l’immortalité, il arriva quelques péripéties, dont voici une des plus célèbres.
Laomédon, roi de la cité de Troie, avait promis une récompense à Poséidon [frère de Zeus] et Apollon [fils de Zeus] pour avoir construit les murailles de Troie, mais il refusa de payer. En châtiment les dieux envoyèrent un monstre marin pour ravager la ville. Laomédon offrit sa fille Hésione en sacrifice pour apaiser le monstre. Puis Laomédon promit à Héraclès les chevaux immortels de Troie s’il parvenait à sauver Hésione. Héraclès tua le monstre marin et réussi à sauver Hésione. Mais Laomédon refusa de tenir sa promesse. En conséquence de quoi Héraclès revint avec une armée, tua Laomédon et ses fils (sauf Priam, qu’Hésione sauva), et donna Hésione à Télamon, son compagnon d’armes, Priam, fils survivant de Laomédon, devint roi et père de Hector et Pâris, protagonistes de la guerre de Troie.
Nous arrivons au dernier acte de la vie d’Héraclès. Alors qu’Héraclès et son épouse Déjanire doivent traverser le fleuve Evenos, Nessos le centaure, proposa de porter Déjanire sur son dos mais arriver au milieu du fleuve il tenta de la violer. Héraclès furieux riposta en le tuant avec une flèche trempée dans le venin de l’hydre de Lerne. Avant de mourir, Nessos donna à Déjanire son sang comme un prétendu philtre d’amour préservant la fidélité d’Héraclès. Ensuite, alors qu’Héraclès avait une amante nomme Iole ; Déjanire envoya à Héraclès une tunique imprégnée du sang de Nessos. Le poison brûla sa chair et causa d’atroces souffrances. Déjanire voyant le mal qu’elle avait causée se tua. Je donne de nouveau la parole à Diodore De Sicile qui nous raconte la suite :
« Comme il était toujours de plus en plus accablé par le mal envoyer un Licymnios et Iolaos à Delphes demander à Apollon ce qu'il fallait faire contre ce mal. La gravité de la souffrance Héraclès avait frappé de stupeur Déjanire, et ayant pris conscience de l'erreur qu'elle avait commise, elle mit un terme à sa vie en se pendant. Le Dieu répondit d'emmener Héraclès sur l'Etna avec son équipement de guerre et de construire près de là un bûcher d'une grandeur considérable ; du reste dit’il Zeus s'occuperait. Les compagnons d’Iolaos firent ceux qui avaient été ordonnés et prirent un peu de distance pour observer ce qui allait arriver. Héraclès qui avait désespéré de son propre salut et s'était approché du bûcher, pria tous ceux qui s'avançaient d'enflammer le bûcher. Personne n'osa lui obéir seul Philoctète se laissa persuader : en remerciement de son assistance, reçut en cadeau Héraclès ses arcs et mit le feu au bûcher. Aussitôt des éclairs tombèrent aussi de tout le ciel, et le bûcher tout entier se consuma. Par la suite les compagnons d’Iolaos allèrent recueillir les os, mais comme pas un seul os ne fut retrouvé, ils pensèrent qu’Héraclès conformément aux oracles avaient quitté les hommes pour rejoindre les dieux. »
Pindare, le célèbre poète du siècle de Périclès, nous livre un hommage de ce que représente le nouveau dieu : « Héraclès, le plus vaillant des hommes, monta au ciel dans la gloire, laissant aux mortels l’exemple de la force et du sacrifice. » Ainsi s’achève vie d’Héraclès.
Themistocles (-524 / -459) Pericles (-495/ -429) Alcibiade (- 450/ -404) Alexandre Le Grand (-356/ -323)
Prologue sur la vertu (aretê)
Dans l'ouvrage de Xenophon memoires sur socrate ou memorables, un passage qui est un dialogue entre Herakles et deux femmes l'une representant la vertu l'autre la volupte. Ce passage est connu sous le nom de « Le choix d’Héraclès », il illustre le dilemme moral entre facilité et mérite.
"A PEINE sorti de l’enfance, à cet âge où les jeunes gens, devenus maîtres d’eux-mêmes, font déjà voir s’ils suivront, pendant leur vie, le chemin de la vertu ou celui du vice, Hercule s’assit dans un lieu solitaire, ne sachant laquelle choisir des deux routes qui s’offraient à lui.[1] Soudain il voit s’avancer deux femmes d’une taille majestueuse. L’une, joignant la noblesse à la beauté, n’avait d’ornements que ceux de la nature; dans ses yeux régnait la pudeur; dans tout son air la modestie; elle était vêtue de blanc. L’autre avait cet embonpoint qui accompagne la mollesse, et, sur son visage apprêté, la céruse et le fard altéraient les couleurs naturelles; la démarche altière et superbe, les regards effrontés; parée de manière à laisser entrevoir tous ses charmes, elle se considérait sans cesse elle-même, et ses yeux cherchaient des admirateurs; que dis-je? elle se plaisait à regarder son ombre. Lorsqu’elles furent toutes deux plus près d’Hercule, la première vint à lui sans hâter le pas; mais l’autre, voulant la prévenir accourut vers lui.
« Hercule, lui dit-elle, je vois que tu ne sais quel chemin tu dois prendre. Si tu me fais ton amie, je te conduirai par la route la plus douce et la plus facile; aucun plaisir ne te sera refusé; aucune peine n’affligera ta vie. D’abord tu n’auras à redouter ni la guerre, ni les vains soucis: ta seule occupation sera de trouver les boissons et les mets qui pourront te plaire, ce qui flattera le mieux, à ton avis, les yeux et les oreilles, l’odorat et le toucher; les amours avec toute leur ivresse le sommeil avec toute sa douceur; et tu ne songeras qu’au moyen le plus court d’être heureux. Et, si tu crains de manquer jamais des trésors qui achètent les Plaisirs, rassure-toi, je t’en comblerai, sans prescrire jamais à ton corps ni à ton esprit des travaux pénibles: tu jouiras des travaux des autres; tout, pour t’enrichir, te sera légitime je donne à ceux qui me suivent le droit de tout sacrifier au bonheur. — Et vous que je viens d’entendre, répondit Hercule, quel est votre nom? — Mes amis, dit-elle, me nomment la Félicité; mes ennemis, mes calomniateurs, m’ont appelée la Volupté. »
Cependant l’autre femme s’était avancée. Elle parle en ces mots: « Et moi aussi, Hercule, je parais devant toi, c’est que je n’ignore pas de qui tu tiens le jour, c’est que ton éducation m’a révélé ton caractère. J’espère donc, si tu choisis ma route que tu vas briller entre les grands hommes par tes exploits et tes vertus, et donner ainsi un nouvel éclat à mon nom, un nouveau prix à mes bienfaits. Je ne t’abuserai pas en te promettant les plaisirs; j’ose t’apprendre avec franchise les décrets des dieux sur les hommes. Ce n’est qu’au prix des soins et des travaux qu’ils répandent le bonheur et l’éclat sur votre vie. Si lu désires que les dieux te soient propices, rends hommage aux dieux; si tu prétends être chéri de tes amis, que ton amitié soit généreuse; si tu ambitionnes les honneurs dans un état, sois utile aux citoyens; s’il te paraît beau de voir tous les Grecs applaudir à ta vertu, cherche à servir la Grèce entière; veux-tu que la terre te produise des fruits abondants? tu dois la cultiver; que tes troupeaux t’enrichissent? Veille sur tes troupeaux; aspires-tu à dominer par la guerre, à rendre tes amis libres et tes ennemis esclaves? apprends des guerriers habiles l’art des combats et que l’expérience t’enseigne à le pratiquer, veux-tu enfin que ton corps devienne robuste et vigoureux? souviens-toi de t’accoutumer à l’empire de l’âme, et de l’exercer au milieu des fatigues et des sueurs. »
Sa rivale l’interrompit: « Ne vois-tu pas, Hercule, les obstacles et la longueur de cette route qui mène, dit-on, au bonheur? Moi je t’y conduirai par un chemin court et fleuri. »
« Malheureuse, reprends la Vertu, de quel bonheur viens-tu parler? Quels plaisirs connais-tu, toi qui ne veux rien faire pour en mériter, toi qui préviens tous les besoins qu’il est doux de satisfaire et jouis sans avoir désiré; toi qui manges avant la faim, qui bois avant la soif; qui, pour assaisonner les mets délicats, emploies les mains les plus savantes; qui pour boire avec plus de charme, amasses des vins somptueux et court çà et là chercher de la neige en été; qui pour dormir plus doucement, imagines de fins tissus, de riches tapis étendus sous des lits superbes? Tu cherches le sommeil, non par besoin du repos mais par oisiveté. Dans l’amour, tu préviens et tu outrages la nature;[3] et tes amis, instruits par tes leçons, passent la nuit en plaisirs coupables, et la plus utile partie du jour dans une lâche inaction. Quel homme voudrait te croire quand tu lui parles, te secourir quand tu l’implores? Quel homme sensé oserait se mêler à tes vils adorateurs? Jeunes, ils traînent un corps languissant; plus âgés leur raison s’égare; aux brillants plaisirs d’une jeunesse oisive, succèdent les ennuis d’une laborieuse vieillesse; honteux de ce qu’ils ont fait, accablés de ce qu’ils font, ils ont couru, dans leur premier âge, de délices en délices, et réservé tous les maux pour leur déclin. Moi, je suis la compagne des dieux, la compagne des mortels irréprochables; sans moi, rien de sublime parmi les dieux ni sur la terre. Je reçois les plus grands honneurs, et des puissances divines; et de ceux d’entre ceux d’entre les hommes qui ont le droit de m’honorer. L’artisan n’a personne qui le soulage plus que moi dans ses peines; le chef de famille n’a pas d’économe plus fidèle; l’esclave, d’asile plus assuré; les travaux pacifiques, d’encouragement plus efficace; les exploits militaires, de meilleur garant de triomphe; l’amitié, de nœud plus sacré. Ceux qui me chérissent trouvent dans le boire et le manger un plaisir qu’ils n’achètent pas; ils attendent seulement que le besoin leur ait commandé. Le sommeil leur est plus agréable qu’aux riches indolents; mais ils se réveillent sans chagrin, et jamais l’heure du repos n’a pris sur celle du devoir. Jeunes, ils ont le plaisir d’entendre les éloges des vieillards; vieux, ils aiment à recueillir les respects de la jeunesse. C’est avec soin qu’ils se rappellent leurs actions passées; ils font avec joie ce qui leur reste à faire; et c’est moi qui leur concilie la faveur des Dieux, l’affection de leurs amis, les hommages de leurs concitoyens. Quand le terme fatal arrive, l’oubli du tombeau ne les ensevelit pas tout entiers, mais leur mémoire, toujours florissante, vit dans un long avenir. Imite leur grande âme, ô jeune héros ! sois digne du sang généreux qui t’a fait naître je te promets le bonheur et la gloire."
Themistocle (-524 -459) pericles (-495 -429) lysandre (- 454 -395) alcibiade (-450 -404) alexandre (- 356 -323) pyrrhus (-319 -272)
"Nos idees modernes, en politique, en médecine, en art, en science, en histoire, remontent a ces anciens grecs. Nous lisons leurs ouvrages, étudions leurs mathématiques, spéculons sur leurs philosophie, regardons admiratifs et stupéfaits memes les ruines de leurs villes et de leurs monuments la civilisation occidentale descend directement du travail des anciens Grecs, et l'histoire de leurs triomphes et de leurs chutes n'a jamais perdu de sa fascination"
isaac azimov
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