
Serie Grèce Antique
Thésée : aux origines d’Athènes
Thésée le nom ne vous dit peut-être pas grand-chose, mais si je vous dit ‘fil d’Ariane’ je suis sûr que vous en avez tous entendu parler, l’histoire de notre héros est directement liée à cette expression. Thésée est le fils d’Égée, roi d’Athènes, et d’Éthra, fille du roi Pitthée de Trézène (cité grecque située en Argolide), où elle est née. Égée laissa Éthra à Trézène avec une épée et des sandales cachées sous un rocher, demandant que Thésée ne soit informé de ses origines que lorsqu’il serait assez fort pour soulever ce rocher. Thésée grandit auprès de sa mère et de son grand-père, recevant une éducation noble et guerrière, inspirée par les exploits d’Héraclès, son modèle. Une fois adolescent, Thésée souleva le rocher, récupéra les objets laissés par Égée, et entreprit de rallier Athènes à pied, refusant de prendre la voie maritime qui était plus sûre. Il rêvait d’égaler Héraclès, comme nous le fait remarquer Plutarque « De même Thésée, admirant l’héroïsme d’Héraclès, rêvait la nuit de ses actions et, pendant le jour, poussé par l’émulation, il s’exaltait à la pensée de l’égaler. »
À l’âge de 16 ans, Thésée qui aux dires de Plutarque « a la force du corps il joignait le courage et une grandeur d’âme inébranlable, accompagnés d’intelligence et de sagesse », entreprend un périple terrestre vers Athènes, refusant la voie maritime plus sûre. Sur sa route, il affronte et tue plusieurs brigands et monstres Plutarque nous raconte :
Périphétès (massacreur à la massue)
« Il en vint d’abord aux mains sur le territoire d’Épidaure avec Périphétès, qui avait pour arme une massue, ce qui lui avait valu le surnom de corynétès. Ce brigand l’ayant attaqué et voulant l’empêcher de passer, il le tua. Sa massue lui ayant plu, il l’a pris, l’adopta pour arme et ne s’en sépara plus, comme Héraclès avait la peau du lion. »
Sinus (tortionnaire des voyageurs)
« À l’isthme, il fit périr de sa main sinus, le pollueur de pins, par le même supplice que ce brigand avait infligé a beaucoup de passants, non pas, certes, que Thésée s’y fut exercé ou qu’il en eut l’habitude, mais pour montrer que l’héroïsme est supérieur à toutes espèces d’art ou d’exercice. Sinus avait une fille très grande et très belle nomme Perigoune. […] s’étant unie a lui, elle enfanta Mélanippe […] De Mélanippe, fils de Thésée, naquit Ioxos. »
La truie de Crommyon
« Quant à la Laie Crommyon, qu'on appelait Phaia, ce n'était pas un animal ordinaire, mais une bête belliqueuse et difficile à vaincre. Ce fut pour lui un passe-temps de voyage que de l'affronter et de la tuer : il craignait de paraître n'agir que par nécessité et il pensait aussi que si un homme de cœur ne doit lutter contre les méchants que pour se défendre et de son devoir d'attaquer le premier, les animaux courageux et de ne s'exposer que pour combattre. Certains disent que Phaia était une femme adonnée au brigandage sanguinaire, et débauché et qu'elle habitait la même à Crommyon. On lui avait donné le surnom de laie à cause de ses morts et de son genre de vie et enfin qu'elle fut mise à mort par Thésée. »
Sciron (qui précipitait les voyageurs dans la mer)
« Avant d'entrer dans la Mégaride, il tua Sciron en le précipitant du haut des rochers suivant l'opinion la plus répandue, ce brigand détroussé les passants selon quelques autres, il poussait l'insolence et l'orgueil jusqu'à tendre ses pieds aux étrangers alors commandés de les laver, puis, tandis qu'ils le faisaient ils les poussaient d'un coup de talon dans la mer. »
Cercyon et Procruste
« A Eleusis, il vainquit à la lutte l’Arcadien Cercyon et le tua, puis s'étant avancé un peu plus loin, il tua de même Erineos, Damastès, surnommé Procuste, en l'allongeant de force à la mesure de ces lits, comme celui-ci le faisait pour les étrangers. En agissant ainsi, il suivait l'exemple Héraclès, qui pour se défendre contre ses agresseurs, usait des mêmes procédés qu'ils employaient contre lui c'est ainsi qu'il avait immolé plus Busiris, battu Antée à la lutte, vaincue Cycnos en combat singulier et tué Terméros, en lui fracassant la tête, car c'est, paraît-il, en cognant sa tête contre la leur que Terméros, tuait ceux qui lui tombaient sous la main. De mêmes Thésée, lui aussi châtiait les méchants en employant contre eux le genre de violences qu'ils infligeaient aux autres, ils leur faisaient subir contre comme un juste châtiment ces mêmes supplices dont ils usaient injustement. »
Après ces péripéties Thésée arrive à Athènes ou il est reconnu par son père Égée, malgré les tentatives de Médée pour l’éliminer (Fille du roi Éétès de Colchide - région située sur la mer Noire - Petite-fille du dieu Hélios, Nièce de Circé, célèbre magicienne). Puis il alla dompter le taureau de Marathon qui incommodait les habitants de ce qu’on appelle alors, tétrapyle (tetra signifie ‘quatre’ - ‘pole’ la ville ainsi le tétrapyle désignait les villes de Marathon, Oenoe, Probalinthos et Tricorythos). Il devient alors un héros populaire et un prétendant au trône. Nous arrivons maintenant à l’épisode le plus célèbre de sa vie. Athènes devait livrer chaque année sept jeunes hommes et sept jeunes femmes à Minos, roi de Crète, pour être dévoré par le Minotaure. Lors du tirage au sort désignant les jeunes hommes, Thésée se porta volontaire. Il partit pour la Crète et il rencontra Ariane, fille de Minos qui s’était éprise de lui et le guida dans le labyrinthe où régnait le Minotaure grâce à l’aide du fameux ‘fil d’Ariane’. Dans un combat furieux, il vint à bout du Minotaure. Catulle dans ses Poésies nous relate l’événement :
« Comme au sommet du Taurus, un chêne agitant ses bras, où un pain aux fruits coniques et à l’écorce suante, tordus par le souffle indomptable d’un ouragan, sont jetés à terre ; ainsi dompté, le corps du monstre farouche fut abattu par Thésée, tandis qu’il frappait vainement de ses cornes les vents implacables. Puis, sain et sauf, couvert de gloire, le héros revint en arrière, dirigeant ses pas errants à l’aide d’un fil léger qui lui permit de sortir des détours du labyrinthe sans s’égarer d’une erreur invisible. »
Ensuite il prit la mer avec Ariane et les autres jeunes gens sauves. Lors d’une halte sur l’ile de Dia Thésée l’abandonna sur le rivage, Catulle nous raconte :
« Thésée s’enfuit avec son vaisseau rapide, Ariane, le cœur plein de fureur indomptée, ne peut encore se persuader que ce qu’elle voit est ce qu’elle voit ; car à peine éveillée d’un sommeil trompeur, l’infortunée découvre qu’elle est abandonnée sur une plage solitaire. Cependant, sans songer à elle, le jeune héros qui fuit frappe les eaux de ses rames, livrant ses vaines promesses au vent de la tempête. »
Par la suite Dionysos, dieu du vin et de l’extase, recueillit Ariane. Ils se marièrent, en cadeau de mariage, il lui offre une couronne d’or ornée de pierres précieuses. Puis, pour immortaliser leur union, Dionysos place cette couronne dans le ciel, formant la constellation que nous appelons aujourd’hui la Couronne boréale ou ‘Corona Borealis’ en latin, ce qui signifie littéralement couronne du nord.
Pendant ce temps, Égée croyant, son fils mort se jeta d’une falaise. À la suite de quoi, Thésée devient roi. Il réalisa un « un grand et merveilleux dessein » selon Plutarque : réunir l’ensemble du peuple de l’Attique en une seule cité-État autour l’Acropole, Athènes était née. Comme vous avez pu le remarquer la cité existait déjà avant Thésée, la différence avant son règne c’est que les cités de l’attique étaient divises et Athènes dont le nom vient de la déesse Athéna, était une bourgade mineure sans importance politique. Le rôle de Thésée est d’avoir réuni douze villes (dont Eleusis, Decelie, Marathon) en une seule (en Grec synoecisme) , ayant la primauté politique dans la région. Thucydide le relate dans son œuvre la guerre du Péloponnèse :
« Jusqu’à Thésée, les habitants de l’Attique avaient vécu dispersés en cités, chacune avec son prytanée et ses magistrats… ils ne se réunissaient pas pour délibérer avec le roi, mais chaque cité menait sa propre politique et sa propre délibération »
Athènes est d’ailleurs pour l’anecdote une des plus ancienne cite d’Europe et du monde, elle a environ 3 000ans. Revenons à Thésée Plutarque nous compte la suite de son aventure :
« Il s'embarqua pour le Pont-Euxin […] pour accompagner Héraclès dans son expédition contre les amazones […] Thésée partit avec une flotte à lui et fit prisonnière l’amazone. »
L’amazone en question est la reine Antiope qu’il épousa. Cela provoqua une guerre contre les Amazones.
« La bataille eut lieu pendant le mois boédromion [est le troisième mois du calendrier grec antique] et c'est en mémoire du combat que les athéniens offrent encore aujourd'hui le sacrifice des boedromia. Clidémos qui s'est attaché à en raconter tous les détails, rapporte que l'aile gauche des Amazones s'étendait vers le lieu qu'on appelle encore aujourd'hui Amazonion, et que leur aile droite arrivait jusqu'à Chrysa, près de la Pnyx. Le combat contre cette aile fut mené par les Athéniens qui partirent du Mouséion pour attaquer les amazones, et les tombeaux de ceux qui furent tués se trouvent dans la grande rue qui mène à la porte appelée aujourd'hui porte du Pirée, près du monument du héros Chalcodon. De ce côté, ils furent repoussés jusqu'au sanctuaire des Euménides et reculèrent devant ces femmes. Mais du côté du Palladion, d’Ardettos et du lycée ils assaillirent leur aile droite et la refoulèrent jusque dans leur camp en leur infligeant de lourdes pertes. Le quatrième mois la paix fut conclue par l'entremise Hippolytè car Clidémos appellent Hippolyte, et non Antiope l'amazone qui vivait avec Thésée. D’autres disent que cette femme fut d’un coup de javelot. »
Après la mort d’Antiope, il épousa Phèdre, qui tomba amoureuse de Hippolyte, son beau-fils, fils de Thésée et d’Antiope. Hippolyte, jeune homme chaste et dévoué à Artémis, rejeta les avances de Phèdre. Humiliée et désespérée, Phèdre accusa Hippolyte d’avoir voulu la séduire. Thésée, croyant sa femme, maudit son fils en invoquant Poséidon, qui provoque la mort d’Hippolyte, traînée par ses chevaux affolés. Phèdre, rongée par le remords, se suicida en révélant la vérité. Dans l’ouvrage de Sénèque Phaedra on y trouve cette citation célèbre :
« L’amour m’a vaincue, moi qui n’ai jamais cédé. »
Puis vers cinquante ans, nous dit Plutarque Thésée enleva Hélène, alors âgée de 12 ans… (la même Helene qui deviendra Hélène de Troie) Plutarque nous relate l’évènement :
« Thésée et Pirithoos allèrent ensemble à sparte et, comme la fillette dansait dans le sanctuaire d'Artémis d’Orthia, ils l'enlevèrent et s'enfuirent. Ceux qui furent envoyés à leurs poursuites n'allèrent pas au-delà de de Tégée. Quand ils eurent traversé le Péloponnèse se voyant en sûreté, ils convinrent de tirer Hélène au sort, le gagnant devant l'avoir pour femme, mais à charge d'aider son ami à se procurer une autre femme. Le tirage au sort ayant eu lieu, conformément à cet accord, ce fut Thésée qu'il désigna, il prit la fillette qui n'était pas encore en âge d'être mariée et la conduisit à Aphidnai. Il installa sa mère auprès d'elle et les confia à un de ses amis Aphidnos en lui recommandant de veiller et de garder le secret. Quant à lui pour payer Pirithoos de retour, il se rendit avec lui en Epire afin d'y enlever la fille d’Aidoneus roi des molosses, celui-ci avait donné à sa femme le nom de Perséphone, à sa fille celui de Corée et à son chien celui de cerbère. Il ordonnait aux prétendants de la jeune fille de combattre l'animal avec promesse de la donner aux vainqueurs, mais averti que Pirithoos et son compagnon n'étaient pas venus pour la demander en mariage, mais pour l'enlever il se saisit d'eux , fit sur-le-champ dévoré Pirithoos par le chien et retint Thésée prisonnier. »
Pendant l’absence de Thésée, les Dioscures (Castor et Pollux), frères d’Hélène, attaquèrent Athènes et libèrent leur sœur et la ramenèrent à Sparte. Héraclès par la suite libéra Thésée de son joaillier. Plutarque nous raconte :
« Aidoneus le molosse recevant chez lui Héraclès, parla par hasard de Thésée et Pirithoos il lui raconta dans quel dessin ils étaient venus et comment les ayant pris sur le fait ils avaient puni. Héraclès fut très affligé de la mort honteuse que l'un avait déjà subie et que l'autre attendait pour Pirithoos il pensa qu'il ne gagnerait rien à se plaindre, mais il demanda la grâce de Thésée et pria le roi de lui accorder cette faveur. Aidoneus y consentis et Thésée délivré retourna à Athènes ou ses amis n'étaient pas encore entièrement écrasés. »
Thésée par la suite voulut reprendre le commandement de la cité mais il fut chassé d’Athènes. Par la suite il se réfugie sur l’île de Skyros. Là, le roi Lycomède, craignant son influence ou jaloux de sa renommée, le pousse du haut d’une falaise, causant sa mort.
« Dans la suite des temps, les Athéniens honorèrent thèse comme un héros ; entre qu’a la bataille de marathon contre les modes, beaucoup de soldats crurent voir le spectre de thèse en arme qui s’élançait à leur tête contre les barbares. » Ainsi s’achève vie de Thésée.
"Nos idees modernes, en politique, en médecine, en art, en science, en histoire, remontent a ces anciens grecs. Nous lisons leurs ouvrages, étudions leurs mathématiques, spéculons sur leurs philosophie, regardons admiratifs et stupéfaits memes les ruines de leurs villes et de leurs monuments la civilisation occidentale descend directement du travail des anciens Grecs, et l'histoire de leurs triomphes et de leurs chutes n'a jamais perdu de sa fascination"
Isaac Azimov
Thésée (-15 000) Themistocles (-524 / -459) Pericles (-495/ -429) Alcibiade (- 450/ -404) Alexandre Le Grand (-356/ -323)
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