Serie Grece antique

Alexandre Le grand

Sommaire

I Le monde Grecque 

II La jeunesse d'Alexandre 

III L'empire Perse 

IV L'expedition

 

I Le monde Grecque

 Alexandre était le fils de Phillipe De Macédoine et D’Olympia. Dans l’optique de mieux comprendre son ascension ainsi que le monde Grecque à ce moment-là, il nous faut nous plonger brièvement dans la vie de son père, Issac Azimov nous en parle :

« Le décès des hommes assoiffés de pouvoir ne sauva pas les cités-États grecques. Sitôt un danger disparu, un autre apparaissait. Le vrai problème, c'est que la cité-État avait fait son temps. La question n'était pas de savoir si la Grèce allait tomber sous la domination d'un royaume d'un nouveau type, cela ne faisait aucun doute. La seule question était : lequel ?

En 365 av. J.-C., personne ne voyait dans la Macédoine un danger. Elle avait été dominée récemment par la Thessalie, sous Jason de Phères, et plus récemment encore avait été plongée dans les troubles de l'assassinat de son roi, Alexandre II. Le jeune roi Perdiccas III, fils d'Alexandre, était entre les mains de l'assassin, qui gouvernait à titre de régent.

La Macédoine était en outre entourée de tribus à moitié non civilisées qui représentaient un danger constant. Et comme il lui fallait faire face à ces tribus, elle n'avait guère le temps ou l'occasion d'agir fortement en Grèce. Ainsi, loin d'être dangereuse pour celle-ci, elle servait de région tampon entre la civilisation grecque et le Nord barbare.

En 365, cependant, les choses commencèrent à changer. Le jeune roi, ayant prudemment attendu son heure, fit assassiner le régent à son tour et exerça seul le pouvoir en Macédoine. Et l'année suivante, son jeune frère, Philippe, rentra.

Philippe prend la régence (367-359 av. J.-C.)

Philippe avait été emmené en otage à Thèbes en 367 (voir p. 225). Durant ces trois années, il apprit à connaître Épaminondas. Jeune homme extrêmement brillant, Philippe observa la phalange thébaine et la façon dont Épaminondas faisait manœuvrer ses armées. Surtout, il n'oublia rien de ce qu'il apprit.

On allait avoir grandement besoin de son savoir et de ses capacités, car la Macédoine avait des ennuis. Ses désordres internes étaient une invitation permanente pour les tribus environnantes. En 359, Perdiccas fut tué dans une escarmouche à la frontière. Le royaume se trouva dans la position d'être menacé d'une invasion de toutes parts, et il n'y avait plus sur le trône qu'un enfant, le fils de Perdiccas, Amyntas III.

Il fallait à l'évidence que quelqu'un agît pour le compte du jeune roi, et son oncle Philippe (qui n'avait encore que vingt et un ans) prit la régence. Il s'était déjà assuré de l'amitié de l'Épire voisine, à l'ouest (qui n'avait naguère été sous le contrôle de Denys Ier de Syracuse, mais était désormais gouvernée par des princes indigènes), en épousant Olympias, la nièce du roi de l'Épire, en 359.

Avec une énergie incroyable, Philippe se mit à frapper dans toutes les directions et, en 358, il avait mis fin aux assauts aux frontières. Il se précipita d'abord sur les Péoniens (au nord), puis sur les Illyriens (au nord-est), et les chassa de Macédoine. (Dans une campagne ultérieure, il les écraserait encore une fois, mettant fin, de son vivant, au danger qu'ils représentaient.)

Cela étant fait, et l'Épire étant sûre, Philippe contrôlait maintenant toute la région septentrionale de la Grèce, de la Thrace, à l'est, à l'Adriatique, à l'ouest.

Désormais en mesure d'affronter les Égéens, il conquit rapidement des territoires précieux dans le sud-est de la Chalcidique. La cité la plus puissante de la péninsule était Olynthe. Elle forma une ligue des cités chalcidiques et se mit sur le chemin des ambitions de Philippe.

 Philippe consolide son pouvoir et réforme l'armée (358-356 av. J.-C.)

ni les Athéniens ni les Olynthiens ne regardèrent au début Philippe avec inquiétude. Les Macédoniens n'avaient jamais été par le passé que de simples nuisances, et aucun parti ne voyait d'inconvénient à se servir de Philippe contre l'autre.

Philippe trouva extrêmement facile de tirer parti de la gourmandise de chacun des deux camps pour les tromper tous les deux. Il calma les Athéniens en leur promettant de leur livrer le territoire d'Olynthe quand il l'aurait conquis, et calma les Olynthiens en leur promettant de leur livrer Potidée, rivale voisine de longue date. Puis il garda pour lui, bien sûr, tout ce dont il put s'emparer, et fit face aux cris de fraude et de trahison avec le plus grand flegme. Il s'empara, en particulier, de la cité d'Amphipolis, en 358.

Quelques mois plus tard, il élargissait et renforçait une ville située à une centaine de kilomètres au nord-ouest d'Amphipolis et la rebaptisait, par modestie, Philippes. Ses environs abritaient de précieuses mines d'or, qui rapportèrent à Philippe de belles sommes d'argent, avec lesquelles il put acheter des alliés chez les Grecs.

Dans ces premières années, Philippe avait aussi entrepris de réorganiser ses troupes. Il disposait déjà d'une cavalerie, l'élément traditionnel de l'armée macédonienne ; il avait désormais besoin de fantassins bien formés. Il adopta l'idée d'Iphicrate et constitua des contingents de peltastes et de frondeurs, légèrement armés.

Plus important encore, il adopta la phalange thébaine et lui apporta même des améliorations cruciales. Il voulut que la phalange ne fût pas qu'une simple bûche de bois ne pouvant se déplacer que dans la direction dans laquelle elle était pointée. Il en réduisit la densité et en diminua le nombre de rangées, lui donnant ainsi plus de place pour manœuvrer. Les hommes à l'arrière posaient généralement leurs longues lances sur les épaules de ceux placés devant eux, si bien que la phalange thébaine ressemblait à un porc-épic. En se retournant et en inversant le sens, le porc-épic pouvait faire face à l'ennemi de tous flancs.

En 356, Olympias donna naissance à un fils, qui fut nommé Alexandre, et dont nous reparlerons un peu plus loin. On raconte qu'il vint au monde le jour même où l'Artémision était incendié à Éphèse par Hérostiate (voir p. 228), mais c'est probablement une invention. Philippe avait désormais prouvé sa capacité, la grande satisfaction de la nation. Il avait de grandes ambitions, qu'il ne voulait pas voir entraver par le jeune Amyntas, qui allait devenir majeur, d'autant plus que Philippe avait maintenant un héritier. Il fit donc déposer Amyntas en 356 et prit pour lui le trône de Macédoine, sous le nom de Philippe II.

 

Les orateurs d'Athènes

Dans le siècle qui suivit la Guerre du Péloponnèse, un nouveau groupe d'hommes importants se forma à Athènes : les « orateurs ». Ils étendirent leur influence sur toute la Grèce par la force de leurs idées, qu'ils présentaient de façon logique et persuasive dans leurs oraisons (Cela témoigne qu'Athènes passait des actes aux paroles, de l'action au discours.)

Un des plus célèbres, Isocrate, était né en 436 av. J.-C. Il n'avait pas une voix faite pour prononcer des discours, mais il en écrivit quantité et fut un maître capable. Presque tous les orateurs de la période furent de ses élèves.

Isocrate était un Grec (peut-être même le seul) qui avait retenu la leçon de l'histoire récente, à savoir que la cité-État avait fait son temps. Dès 380, il commença à prêcher à l'envi le même sujet : les Grecs devaient cesser de se battre entre eux. Ils devaient s'unir dans une ligue panhellénique. S'il leur fallait absolument un ennemi commun pour cela, il y avait toujours la bonne vieille Perse. Isocrate cherchait un chef fort qui pourrait conduire les forces grecques unies et fixa un moment son regard sur Denys Ier de Syracuse.

Mais Isocrate ne trouva, toute sa vie (et il mourut presque centenaire), personne pour l'écouter. La Grèce avait décidé de se suicider, et suicide il y aurait.

C'est alors que le plus grand orateur athénien, Démosthène, qui était aussi le grand opposant de Philippe de Macédoine, arriva. (Il ne faut pas le confondre avec le général athénien du même nom, qui, pendant la guerre du Péloponnèse, prit Pylos et mourut à Syracuse.)

Démosthène l'orateur était né en 384, quand Athènes se remettait tout juste de la guerre du Péloponnèse. Il eut une enfance difficile, car son père mourut quand il était petit et des proches subtilisèrent la fortune de sa famille. Démosthène fut forcé de s'élever par ses propres efforts, et beaucoup d'histoires ont été racontées sur les moyens inhumains qu'il employa pour s'élever à la grandeur. Il se serait ainsi rasé un côté de la tête pour s'obliger à rester seul, confiné dans l'étude. Il copia tout Thucydide par huit fois pour avoir un bon style. Il s'exerça à parler en mettant des cailloux dans sa bouche pour s'obliger à bien articuler. Il s'exerça aussi à crier sur la grève, face au bruit des vagues, pour apprendre à parler fort. Cela paya : il devint un grand orateur, un des plus grands de tous les temps.

Le rêve de Démosthène était qu'Athènes servît de bouclier à toute la Grèce, qu'elle pût venir à tout moment au secours de toute cité grecque menacée par les Barbares. Pour Démosthène, Philippe était un Barbare, et il observa avec crainte la Macédoine prendre le contrôle, morceau par morceau, de la rive nord de la mer Égée.

La Troisième Guerre Sacrée et la Chute d'Olynthe

En 355, la situation en Grèce elle-même commençait à jouer en faveur de Philippe. Cette année-là, dans une autre de ses multiples tentatives pour contrôler la cité sacrée qui avait jadis fait partie de son territoire, la Phocide prit Delphes. Ainsi commença la « troisième guerre sacrée ».

Les Thébains marchèrent contre la Phocide et défirent les Phocidiens en 354, pour des raisons déçues cependant. Une fois les Thébains partis, la Phocide, sous un chef pas l'opposition de l'orateur à la Macédoine. Ils ne voyaient pas dans Philippe un Barbare dangereux, mais un Grec des frontières qui serait peut-être assez puissant pour unir les cités-États et les conduire dans une guerre panhellénique contre la Perse. Isocrate était l'un d'entre eux. Et il y avait aussi Eschine, un orateur à peine inférieur à Démosthène, et qui prônait la paix.

Philippe, faisant peu de cas des paroles de Démosthène, marchait maintenant sur ce qu'il restait de la Chalcidique, Olynthe elle-même. Celle-ci, prise de panique, sollicita l'aide des Athéniens, et Démosthène fit trois autres discours pour que cette aide lui fût apportée. Tout ce que put faire Athènes fut d'envoyer son général, Charès, à la tête de quelques mercenaires. C'était totalement insuffisant. Philippe balaya Charès et prit Olynthe, en 348.

Athènes ne pouvait plus que demander la paix. Dix ambassadeurs furent envoyés à Philippe pour en négocier les termes, parmi lesquels Eschine et Démosthène. Philippe trouva des prétextes pour retarder les choses et en profita pour étendre son contrôle sur la Thrace. Il signa enfin une paix qui assurait la Chersonèse de Thrace à Athènes et par laquelle celle-ci se soumettait (au bout de huit ans) à l'inéluctable et renonçait à tout droit sur Amphipolis.

Une fois la paix signée, Philippe emprunta calmement le défilé des Thermopyles pour aller punir les Phocidiens, qui contrôlaient Delphes depuis dix ans. Allié avec Thèbes, il enleva Delphes à la Phocide. En 346, c'est Philippe lui-même (qui n'était pas même grec, du moins aux yeux d'un Démosthène) qui présida aux Jeux pythiques, que Clisthène de Sicyone avait créés deux siècles auparavant à l'occasion de la première guerre sacrée (voir p. 86).

La Bataille de Chéronée (338 av. J.-C.)

Rien ne put détourner Démosthène de son inimitié contre Philippe, et il banda tous ses efforts pour organiser une nouvelle ligue panhellénique. Il dénonça le danger que représentait Philippe dans une série d'oraisons appelées les Philippiques et, en 341, dans sa Troisième Philippique, il s'écria : « Philippe est devenu le plus grand ennemi de ce pays, parce que son ambition de nous conquérir ne connaît pas de limites. »

Le danger devint pressant quand Philippe envahit la Thrace, où les Athéniens avaient encore des intérêts. À la suite de la Quatrième Philippique de Démosthène, Athènes s'efforça de se procurer des alliés. Elle s'allia à Byzance et à Rhodes, que Philippe avait récemment menacées. Grâce au génie oratoire de Démosthène, elle réussit même à obtenir l'amitié de Thèbes, traditionnellement l'ennemie d'Athènes. Ensemble, elles organisèrent l'armée de la ligue.

Philippe poursuivait son chemin et occupait ce qu'il restait de la Thrace. En 341, il fondait Philippopolis, la « cité de Philippe », à cent soixante kilomètres au nord de la mer Égée (c'est aujourd'hui Plovdiv, en Bulgarie), depuis l'invasion de la Thrace par Darius, un siècle et demi plus tôt. Cette année-là, Démosthène donna sa Troisième Philippique et persuada les cités grecques de la Préponide, dont Byzance, de se lever contre Philippe. Il put alors se soutenir effectivement Byzance, ce qui signifiait la reprise de la guerre entre Athènes et la Macédoine. Philippe connut alors son plus grand échec, car, après un long siège, il fut forcé d'abandonner sa tentative de prendre Byzance. Son prestige en fut terni, et celui de Démosthène éclata.

Cependant, la cité d'Amphissa, en Phocide, cultivait certains champs qui avaient appartenu à Crissa, deux siècles auparavant, et sur lesquels pesait une malédiction depuis la première guerre sacrée (voir p. 85). Les prêtres qui contrôlaient Delphes décidèrent d'en prendre offense et la « quatrième guerre sacrée » commença. Une fois encore, Philippe fut appelé à intervenir, et son armée apparut bientôt sur les rivages du golfe de Corinthe.

Démosthène remporta alors une grande victoire diplomatique. Il persuada Thèbes de s'allier avec Athènes contre Philippe. S'ils avaient très peu fait depuis la mort d'Épaminondas, un quart de siècle plus tôt, les Thébains se dressaient encore du souvenir des batailles de Leuctres et de Mantinée, et se considéraient une grande puissance militaire. Démosthène y croyait aussi et se sentait à l'abri à l'ombre de l'armée thébaine. C'est donc en alliées qu'Athènes et Thèbes affronteront la puissance macédonienne à Chéronée, dans l'ouest de la Béotie.

En 338, la rencontre inévitable eut lieu à Chéronée, au nord-ouest de Thèbes, le long de la principale route du Sud. Les Grecs étaient moins nombreux que les Macédoniens, mais les Athéniens, qui occupaient l'aile gauche, combattirent avec une vaillance renouvelée, due à leur chef, Démosthène lui-même, qui avait mis une armure pour cette occasion unique. Mais Philippe commandait à l'aile droite. Au centre se tenait la redoutable phalange macédonienne, dont le bras droit était commandé par le fils de Philippe, le jeune Alexandre (âgé de dix-huit ans), qui faisait là sa première expérience du combat.

Philippe mit en déroute l'aile gauche athénienne et, rompant les rangs des soldats terrifiés, les poursuivit de si loin que le reste de la ligne athénienne fut isolé du reste de la force grecque. Pendant ce temps, Alexandre mettait en déroute la droite thébaine. Les Grecs furent écrasés. La ligue panhellénique était détruite.

Le bataillon thébain, qui n'avait jamais été vaincu au combat depuis sa création par Épaminondas, vingt-cinq ans plus tôt, se retrouva devant la phalange macédonienne. Ce fut, pour celle-ci, le premier véritable test.

Le résultat fut désastreux pour les Grecs. Les Athéniens rompirent et détalèrent. Et parmi eux Démosthène, qui n'était pas encore prêt à mourir pour ses idées. (Au reproche d'avoir pris la fuite, qu'on lui fit après la bataille, il répondit par des paroles qui restèrent célèbres. Elles disaient en gros : « Qui s'enfuit reste en vie pour combattre un autre jour. »

Les Thébains à Chéronée se battirent plus qu'honorablement. Le Bataillon sacré rompit et saigna contre la phalange macédonienne, mais ne prit pas la fuite. Ses soldats moururent jusqu'au dernier, comme les Spartiates aux Thermopyles, le visage tourné vers l'ennemi. Thèbes était défaite, mais pas déshonorée.

Ce fut la fin de l'hégémonie thébaine et le début d'une hégémonie macédonienne qui allait durer un siècle.

On raconte que le vieil Isocrate mourut le cœur brisé en apprenant la nouvelle de Chéronée, mais la chose est douteuse. Il avait toujours été pour Philippe, reconnaissant en lui l'homme du moment, et le pressant de mener une Grèce unie contre la Perse (c'est précisément ce que Philippe se préparait à faire). Il est plus probable qu'Isocrate soit mort de son grand âge. Il n'avait pas moins de quatre-vingt-dix-huit ans au moment de Chéronée.

Philippe occupa Thèbes et la traita durement, mais ne toucha pas à Athènes et se gagna sa soumission par sa bienveillance. Peut-être était-ce là le résultat de son admiration pour le passé de la cité, ou pour sa flotte, qui était encore intacte et qui pouvait causer beaucoup de problèmes même s'il occupait l'Attique.

Il ne restait que le Péloponnèse, et Philippe s'y engagea. Il ne rencontra aucune résistance, sinon de Sparte. Elle seule, fière du souvenir de son passé glorieux, refusa de se soumettre. On raconte que Philippe lui envoya un message disant : « Si j'entre en Laconie, je raserai Sparte. » Les éphores spartiates ne lui auraient répondu que d'un mot : « Si ! » C'est l'exemple de la laconisme le plus fameux de l'histoire.

Peut-être Philippe conçut-il une admiration étonnée pour la fierté de la cité désormais impuissante. Ou se rappela-t-il les Thermopyles et se dit-il que Sparte ne pouvait lui faire aucun mal, après tout. Quoi qu'il en fût, il quitta le Péloponnèse sans essayer d'exercer sa force contre Sparte.

 

La Ligue de Corinthe et l'expédition en Asie (337 av. J.-C.)

Contrôlant désormais toute la Grèce (à l'exception de l'isolée Sparte), Philippe décida de réunir un conseil de toutes les cités grecques. Elles se rencontrèrent à Corinthe, en 337, comme elles l'avaient fait un siècle et demi plus tôt pour affronter l'ennemi perse. Cette fois, cependant, la table était renversée. Elles votèrent la guerre contre la Perse et élurent Philippe général en chef. Une avant-garde macédonienne serait envoyée en Asie Mineure pour préparer la voie d'une attaque générale.

C'est alors que survinrent chez lui des désordres. Philippe avait défait Démosthène et régnait sur la Grèce, mais il y avait dans sa famille quelqu'un de plus fort que lui : son épouse épirote, Olympias.

Cela faisait longtemps que Philippe était las d'Olympias, femme violente et difficile. En 337, il décida d'en divorcer et d'épouser la jeune nièce d'un de ses généraux. Olympias partit pour le royaume de son frère, l'Épire. Elle était furieuse et décidée à se venger par tous les moyens.

Philippe n'en procéda pas moins au mariage et eut un enfant de sa jeune épouse. La possibilité qu'il déshéritât son fils Alexandre en faveur de celui-ci s'en trouvait augmentée, tout comme la possibilité que cela déclenchât un conflit qui bouleverserait ses plans. »

 

II La jeunesse d’Alexandre

Deux faits importants sont à mentionner. Le premier est lorsqu’un cheval est présenté à Philippe II de Macédoine par un marchand thessalien, jugé trop sauvage. Alexandre, remarque que le cheval a peur de son ombre. En le tournant vers le soleil, il parvient à le dompter. Son père, impressionné, lui aurait dit alors : « Mon enfant, cherche un royaume à ta mesure, la Macédoine est trop petite pour toi .» Alexandre le nomma Bucéphale qui signifie Bouképhalos : boûs (bœuf) + kephalê (tête). Ils chevaucheront ensemble pendant la quasi-totalité de l’épopée d’Alexandre. Le second est qu’il a eu comme tuteur Aristote. Il est l’un des plus grands philosophes grecs de son temps, arrêtons-nous quelques instants sur ce grand personnage. Aristote était un philosophe grec né en - 384 av. J.-C à Stagire en Macédoine. Il était l’un des penseurs les plus influents de l’histoire occidentale, fondateur du Lycée et de la logique formelle. Son père, Nicomaque, était médecin à la cour du roi Amyntas II, ce qui a influencé l’intérêt d’Aristote pour les sciences naturelles. À 17 ans, il rejoignit l’Académie de Platon à Athènes, où il étudia pendant 20 ans. Bien qu’il admire Platon, il s’en détache sur plusieurs points philosophiques. En - 343 av. J.-C, il fut chargé par Philippe de Macédoine d’éduquer son fils, Alexandre. Cette relation lui vaudra plus tard des accusations de sympathie envers les Macédoniens. En - 335 av. J.-C, il retourna à Athènes et fonda le Lycée, une école rivale de l’Académie, où il enseignait en marchant, d’où le nom de péripatéticien donné à ses disciples. Après la mort d’Alexandre, Aristote fut contraint de quitter Athènes pour éviter un procès pour impiété. Il mourra en 322 av. J.-C. sur l’île d’Eubée.

Ci dessus : a gauche Bucephale - a droite Aristote.

Comme nous l’avons vu en partie I le père d’Alexandre Phillipe s’était remarie, et Olympia son ancienne épouse  était prête à tout pour se venger, elle le fit donc assassiner. C’est dans ce cadre qu’Alexandre monte sur le trône de Macédoine, il a 20ans nous sommes en -336 av JC. En 335 av. J.C, le jeune roi alors qu’il venait d’écraser la révolte de Thèbes, fit une visite à Corinthe. La il rend visite au célèbre philosophe cynique Diogène de Sinope, célèbre pour son mode de vie  provocateur. Diogène vivait dans un tonneau (ou plus exactement une grande jarre) et prônait l’autosuffisance, le rejet des conventions sociales et la liberté intérieure. S’en suit un dialogue qui nous ai relate par Plutarque :

  • Je suis Alexandre, roi des Macédoniens. Que puis-je faire pour toi ?
  • Détourne-toi donc de mon soleil

Loin de se vexer, Alexandre aurait été impressionné par l’audace et la liberté d’esprit de Diogène. Il aurait alors déclaré à ses compagnons :

« Si je n’étais pas Alexandre, je voudrais être Diogène. »

 

III Situation de l’empire Perse

Juste avant sa mort, Phillipe avait planifié une expédition contre l’empire Perse. Dont nous allons maintenant dresse la situation. Je laisse la parole à Johanne Gustav Droysen :

«  Il fallait que l'unité et la sécurité du royaume fussent basées sur l'organisation de la puissance qui avait fondé cet empire et qui devait le gouverner. C'était tout à fait l'opposé de ce que nous avons vu se produire dans le monde hellénique. Dans ce dernier, nous trouvons un seul peuple divisé en mille petits cercles complètement autonomes, se créant des caractères différentiels par l'isolement de sa vie et l'inépuisable fécondité de son génie mobile et original. En Perse, au contraire, nous voyons quantité de nations dont le plupart n'ont plus d'existence particulière et n'en sont même plus capables, et qui sont réunies par la force des armes et maintenues dans cet assemblage par la domination rigide et orgueilleuse du peuple perse ayant à sa tête le Grand Roi, «l'homme semblable aux dieux».

Cette monarchie, qui s'étend depuis la mer Hellénique jusqu'à l'Himalaya, depuis le désert d'Afrique jusqu'aux steppes de la mer d'Aral, laisse aux peuples leur individualité, leurs coutumes traditionnelles; elle les protège en ce que demande leur droit, est tolérante pour toutes les religions, favorise le commerce et la prospérité des peuples, leur laisse même leurs dynasties princières, pourvu qu'elles se soumettent et paient tribut; mais elle leur impose une unité militaire et administrative solidement établie et dont tous les dépositaires sont choisis dans la nation dominante, celle des «Perses et Mèdes». La similitude de religion, la vie rude et austère des champs et des forêts, l'éducation à la cour et sous les yeux du Grand Roi de la jeunesse noble appelée au service des armes et de plus les forces militaires réunies autour du roi et qui se composent des dix mille Immortels, de deux mille soldats armés de lances et de deux mille cavaliers, la multitude des nobles qui, de tous les points de cet immense empire, se réunissent dans la capitale et entassent dans le Trésor les tributs et les présents qu'ils ont recueillis, la hiérarchie rigoureuse de rang et d'emploi de tous ces nobles réunis à la cour, depuis le plus humble jusqu'aux «commensaux» et aux «parents» du Grand Roi, tout cet ensemble donne à la capitale du royaume la force et l'éclat nécessaire pour être le centre de l'unité et du pouvoir. Le réseau des grandes routes qu'on trace à travers le royaume, les stations de poste où se trouvent des estafettes toujours prêtes, les fortifications qui protègent les défilés et les frontières, assurent l'union et l'intervention aussi prompte que possible du pouvoir central. Les courriers du Grand Roi peuvent ainsi porter des dépêches de Suse à Sardes, à 350 milles de distance, en moins de dix jours, et dans chaque province, les forces militaires se tiennent prêtes à accomplir les ordres transmis.

Pour l'administration, Darius partage le royaume en vingt satrapies dont la division n'est fondée ni sur la nationalité ni sur les raisons historiques; ce sont des territoires géographiques, tels que les fixent les frontières naturelles. Les rapports des indigènes avec l'empire consistent seulement en ce qu'ils doivent rester dans l'obéissance, payer leur tribut, fournir le service militaire lorsqu'on fait une levée générale, et enfin entretenir le satrape avec sa cour et les troupes qui occupent les principales villes et les forteresses des frontières de leur domaine. Les satrapes, véritables «rois soumis seulement au Grand Roi», sont responsables de l'obéissance et de l'ordre dans leurs satrapies. Pour protéger ou agrandir leur territoire ou pour augmenter le tribut, ils font la guerre et concluent la paix avec ou sans l'ordre de la cour. Ils confient eux-mêmes au besoin certains districts de leur territoire à des indigènes ou à leurs favoris, qui alors perçoivent le tribut et gouvernent dans la région; les troupes secondent et qui souvent commandent la fidélité aux satrapes. La garde continue. La vigilance et la rigueur exercées sur le moyen de faire des satrapies surveillées par des rois ou sous-satrapes, est la forme qui s'adapte à la surveillance continuelle de l'organisation monarchique, avec de faibles envoyés, circulant dans la Perse, participant aux régionales des peuples, renouvelés par de riches dotations, par des dons généreux au service militaire. Tout cela, et d'un autre côté la soumission volontaire, le contrôle continu, la discipline sévère des lieux qui traitaient la Perse, sont également sensibles; les conquêtes sur la côte de l'Asie Mineure, l'influence de la cour et du harem étaient perdues; bien que les villes grecques sur la côte de l'Asie Mineure, étaient perdues. Alors que les peuples soumis cherchaient à secouer le joug, les provinces intérieures étaient plus heureuses dans leur asservissement. L'ancienne dynastie des Pharaons avait été rétablie en Égypte. La restauration de l'ancienne dynastie des Pharaons était l'unique moyen de défendre la volonté personnelle et l'énergie de leur maître. Ils furent d'autant plus hardis à rechercher leur propre intérêt et cherchèrent à se faire dans leurs satrapies un pouvoir indépendant et héréditaire. Toutefois la solide organisation de l'empire était encore assez forte, la vieille discipline et la fidélité de la noblesse et du peuple perse encore assez vivaces pour cicatriser les blessures que cette organisation recevait çà et là.

Le danger devint plus grave lorsqu'à la mort de Darius II (424-404), Cyrus, son plus jeune fils, leva l'étendard de la révolte contre son aîné, Artaxerxès II, qui déjà avait ceint la tiare. Artaxerxès était né avant que son père ne fût parvenu au trône; Cyrus lui, au contraire, était né quand son père était roi, et se croyait dans son droit en réclamant la couronne, car c'était en vertu de cette même règle que Xerxès avait succédé à Darius. De plus, Cyrus, qui était le bien-aimé de sa mère Parysatis, avait été envoyé par son père comme Karanos en Asie Mineure, et avait reçu en souveraineté, paraît-il, les satrapies de Cappadoce, de Phrygie et de Lydie. Tissapherne et Pharnabaze, qui jusque-là avaient gouverné les satrapies maritimes, s'étaient conduits en rivaux pendant la lutte acharnée d'Athènes contre Sparte et avaient favorisé tantôt l'un, tantôt l'autre des deux adversaires.

Cyrus, adoptant une politique évidemment conforme aux intérêts de l'empire, se déclara prompte ment et résolument pour Sparte. D'après le témoignage des Grecs eux-mêmes, ce jeune prince était plein d'esprit, d'énergie, de talent militaire, à la manière austère de son peuple. Il pouvait montrer au Spartiate Lysandre le parc qu'il avait établi en grande partie de sa propre main; et comme celui-ci jetait un coup d'œil incrédule sur ses chaînes d'or et ses somptueux habits, Cyrus lui jura par Mithra que, chaque jour, il ne prenait de la nourriture qu'après avoir fait son devoir soit au travail de la terre, soit dans l'exercice des armes. Il avait appris à connaître et à estimer l'art et la bravoure militaire des Hellènes; c'était surtout par son appui que Lysandre était devenu maître des Athéniens; de plus, la puissance navale qui avait porté une si grave atteinte au royaume était anéantie avec la chute d'Athènes; enfin Sparte avait expressément consenti à ce que les villes grecques de l'Asie Mineure fissent retour à l'empire; tout cela était de nature à faire croire à Cyrus qu'il pouvait sans danger enrôler, comme noyau de l'armée avec laquelle il comptait prendre possession du trône qui lui était dû, 13 000 mercenaires grecs recrutés dans tous les États helléniques, auxquels viendraient encore s'adjoindre 700 hoplites que Sparte enverrait à Issus. Tissapherne, satrape de l'Ionie et ennemi personnel de Cyrus, avait envoyé un avertissement à Suse en temps opportun; Artaxerxès se porta contre le rebelle avec le ban de l'empire; ce fut à l'entrée de la Babylonie, près de Cunaxa, qu'il le rencontra pour lui livrer bataille. Après la victoire des Grecs à leur aile, Cyrus se précipita avec 600 cavaliers contre les 6000 cavaliers qui environnaient Artaxerxès, rompit leurs rangs, pénétra jusqu'au roi, le blessa, puis tomba lui-même sous les coups d'Artaxerxès et de ses fidèles. La blessure du roi fut guérie par son médecin, le Grec Ctésias. Le harem de Cyrus tomba aussi entre les mains d'Artaxerxès. Parmi les prisonnières se trouvaient deux Grecques que leurs parents avaient amenées au prince à Sardes. L'une d'elles, une Milésienne, parvint heureusement à s'échapper dans le camp des Grecs; l'autre, la belle Milto de Phocée, qui avait reçu une brillante éducation, entra dans le harem du Grand Roi et y joua pendant longtemps, à ce que racontent les Grecs, un rôle important.La journée de Cunaxa affermit extérieurement la puissance du Grand Roi. Mais ce qui témoignait d'une désorganisation profonde, c'est qu'immédiatement avant la bataille beaucoup des nobles de l'armée royale étaient passés du côté des rebelles, un symptôme plus inquiétant encore, c'est que cette petite troupe de Grecs eût pu, sur le champ de bataille, rompre et renverser les masses de l'armée royale et les côtes du Pont-Euxin; bien qu'elle n'eût été composée que d'hommes ramassés au gré des circonstances et en dehors de toute l'organisation de l'empire. Telle était l'armée ennemie, plus ainsi traverser impunément les trois, quatre satrapies en narguant les forteresses de leurs frontières. Si le satrape de Cilicie, qui appartenait à la vieille race indigène des Syennésis, eût jamais dû savoir ainsi que la flotte perse, qui d'après le témoignage des Égyptiens l'année, son devoir de charité lui appartenait, les défilés du Taurus, ainsi que les sommets des montagnes qui devaient tracer l'ancienne circonscription et de rigueur que jamais les satrapies des provinces occidentales qui tout autour des côtes, étudient pénétrables d'éléments helléniques, c'est que Cyrus, avec l'autorité excessive dont il était investi, avait pu y lever toute une armée de Grecs. 

La bataille de Cunaxa (3 septembre 401 av. J.-C.) opposa Cyrus le Jeune à son frère Artaxerxès II, roi de Perse. Bien que les mercenaires grecs de Cyrus remportèrent un succès tactique, la mort de Cyrus sur le champ de bataille assura la victoire à Artaxerxès II.

La faute n'incombait pas au système des satrapies maritimes, mais bien à la politique parcimonieuse, de laisser ses sujets, la plupart des Grecs ou des Tyranies, dans les Tyranies des villes, les fermiers d'impôts et leurs favoris à gages, un parti perse dans qui leur donne assez de force pour qu'ils fussent insolents avec leurs supérieurs et oppressifs envers leurs inférieurs.

C'est sous Darius que la puissance des Perses atteint le plus grand éclat dont elle était capable. Les peuples subjugues eux-mêmes bénissaient son gouvernement, même dans les cités grecques. Il se trouvait partout des hommes persécutés qui, pour obtenir tyrannos, n'hésitaient pas à abjurer l'estime morale des Perses pour les Turaniens. À partir de Darius, l'état que se distinguent le Plateau intérieur, fut divisée en trois satrapies, celle de la Phrygie, qui s'étendait de la Grande-Phrygie et de Cappadoce; toute la Carie et la Cilicie méridionale jusqu'à la Cilicie furent retranchées de la satrapie d'Ionie; la Cilicie fut dorénavant laissée sans satrape et devint, paraît-il, un territoire immédiat de l'empire.

Déjà les Spartiates, sous la conduite d'Agésilas, s'étaient avancés dans les provinces extérieures pour tenter le sort des armes contre les Perses. Tissapherne était retourné à son ancien poste, mais son manque d'énergie et de succès fournit à Artaxerxès l'occasion de venger la mort de son fils préféré avec de celle du satrape qu'elle haïssait. Un successeur lui envoyé à Tissapherne, avec ordre de le mettre à mort.

Ce qui était fort sérieux, c'est que dans le même temps l'Égypte était en armes à Cunaxa, les Égyptiens avaient encore combattu dans la défection du Grand Roi, mais on savait déjà dans la parole s'enfuie que l'Égypte avait fait défection. Ce Eunomos, dont nous avions déjà parlé, s'enfuit avec la flotte vers l'Égypte. Sparte entra en rapport avec Memphis et en tira des subsides, avec promesse d'un concours ultérieur. n'était que trop facile aux cités phéniciennes et à Chypre, d'ailleurs, de s'y introduire avec zèle les mœurs de la Grèce, de suivre l'exemple de l'Égypte. puissance maritime des Perses était en jeu tout entière sur la côte de l'Égypte. terre des Grecs serait de prêter les satrapies de l'Asie Mineure. Le danger que l'armée avait couru au temps de Périclès se représentait plus formidable encore. Comment faire face?  […]

L'Histoire, écrite à la vérité par des Grecs, nous fait encore un tableau plus triste de la faiblesse du vieil Artaxerxès dans le domaine de sa cour, où il joue le rôle d'une balle entre les mains de sa mère, de son harem, de ses eunuques. Devenu nonagénaire, il désigna pour son successeur son fils Darius, et lui donna le droit de porter dès lors la tiare. Mais celui-ci forma une conspiration contre la vie de son père, à cause d'une faveur qui lui fut refusée, et Artaxerxès, en ayant eu connaissance, ordonna que Darius fût puni de mort. Le plus voisin du trône fut alors Ariaspe et après lui, Arsane; mais un troisième fils d'Artaxerxès, Ochos, poussa, dit-on, le premier au suicide par de faux bruits qu'il répandit d'une disgrâce de son père, puis se débarrassa du second en soudoyant des assassins. Aussitôt après, Artaxerxès mourut, et Ochos lui succéda.

La tradition nous représente Ochos comme un véritable despote asiatique. […]

Depuis le glorieux retour d'Égypte, le roi, rentré dans sa capitale, gouvernait avec un arbitraire et une cruauté effrénée. Tous le craignaient et le haïssaient; celui auquel il avait donné sa confiance en abusait. Son confident Bagoas était un Égyptien; bien qu'il eût aidé à la ruine de sa patrie, il était cependant dévoué aux croyances et aux superstitions de sa race, et n'avait pas oublié le pillage des sanctuaires de son pays, ni le meurtre de l'Apis sacré. À mesure que croissait l'animosité contre le Grand Roi dans l'empire et à la cour, les plans de son astucieux favori devenaient plus hardis. L'eunuque gagna le médecin du roi, et un breuvage empoisonné mit fin à la vie de ce roi détesté. L'empire était aux mains de l'eunuque, pour affermir d'autant plus sa position, celui-ci fit sacrer le plus jeune fils du roi, Arsès, et massacrer ses frères, dont un seul, Bisthanès, parvint à se sauver. Cela se passait à peu près au moment de la bataille de Chéronée.[Voir partie I Le monde Grec]

Ci contre : Darius III l'adversaire d'Alexandre.

Bientôt Arsès sentit l'insolent orgueil de l'eunuque; il ne lui pardonnait pas le meurtre de son père et de ses frères. Bagoas se hâta de le prévenir et le fit assassiner avec ses enfants, après un règne de deux ans. Pour la seconde fois, la tiare était dans ses mains; mais la maison royale était épuisée; Ochos avait massacré les fils d'Artaxerxès II, et Bagoas les fils et le petit-fils d'Ochos, à l'exception de ce Bisthanès qui avait cherché son salut dans la fuite. Il restait pourtant encore un fils de ce Darius auquel son père Artaxerxès II avait donné la tiare et refusé une faveur; il se nommait Arboupalos. Mais les yeux des Perses se tournèrent sur Codomannos, qui appartenait à une ligne collatérale de la famille des Achéménides. C'était le fils d'Arsane, fils du frère d'Artaxerxès II, et de Sisygambis, fille de ce même Artaxerxès. Dans la guerre que fit Ochos aux Cadusiens, il avait accepté le défi du géant qui leur servait de général, ce que personne d'autre n'avait osé faire, et l'avait vaincu. Les Perses lui avaient alors décerné le prix de la valeur; tous, jeunes et vieux, avaient célébré son nom, et le roi Ochos, après l'avoir comblé de présents et de louanges, lui avait donné la satrapie d'Arménie. Soit que Bagoas eût cédé à l'opinion publique ou qu'il se fût bercé de l'espoir que Codomannos, ayant reçu la tiare de ses mains, lui resterait dévoué, il reconnut bientôt combien il s'était trompé. Le roi, qui prit le nom de Darius, haïssait le meurtrier et méprisait ses conseils. Bagoas résolut de se débarrasser de lui et mêla du poison dans sa coupe. Darius averti fit appeler l'eunuque et lui donna l'ordre de boire cette coupe, comme si c'eût été une marque de sa faveur. C'est ainsi que Bagoas trouva, mais bien tard, son châtiment. »

 

 

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